Elle se trouve partout autour de nous. Difficile de ne pas en avoir conscience et de ne pas l’utiliser dans notre quotidien. Pourtant, elle soulève beaucoup de débats. Il faut dire qu’elle émerveille autant qu’elle effraie, notamment dans le monde de la radio. Quels impacts l’intelligence artificielle a-t-elle déjà sur certains de ces métiers ? Dans quelle mesure ces acteurs peuvent-ils agir et l’inclure de telle sorte à réinventer leur métier ?
En 1979, une chanson allait incarner, un peu plus que les autres, le changement d’une époque : Video Killed The Radio Star des Buggles. 44 ans plus tard, les stars de la radio se font de plus en plus rares, et l’IA risque de faire disparaître ces intervenants sur les ondes.
Été 2023 : Meta crée VoiceBox. Il s’agit d’une technologie qui peut générer une parole plus représentative de la façon dont les gens parlent dans le monde réel. Un modèle qui s’appuie sur une montagne de données pour réaliser les tâches qui lui seront confiées. À ce jour, 50 000 heures d’audio ont été enregistrées par ce modèle lors d’une phase d’entraînement. Entre autres, des discours et des livres audio.
Intelligence artificielle : qui va-t-elle supplanter ?
Les exemples ne manquent plus quant à l’incursion de l’intelligence artificielle dans notre quotidien. Entre autres, dans l’univers de l’audio et les stations de radio. Et il semble que le métier d’animateur “passe-plats”, se bornant à annoncer et à désannoncer les disques d’une programmation musicale, ne soit pas épargner. Et ce, que ce soit en direct ou en voice track.
Depuis des décennies, nous entendons les mêmes infos, à la même heure. Les mêmes chansons aussi. Chaque animateur ou journaliste nous raconte la même histoire, nous fredonne les mêmes strophes, dans le même ordre. Dès lors, pourquoi se priver d’un logiciel pour faire et dire la même chose ?
L’exemple de Live 95.5
En juin dernier, Live 95.5, une station de radio américaine, a créé la polémique. Celle-ci a annoncé qu’une IA viendrait bientôt remplacer partiellement une animatrice. Imitant sa voix, la machine occupera la moitié du temps d’antenne de cette dernière. En outre, elle sera capable de générer des speaks ainsi que des chroniques. Par exemple, la météo, l’info trafic ou l’horoscope. Selon la station, cette solution hybride permettra de confier d’autres tâches au personnel d’antenne pour gagner en productivité.
Après tout, dans la continuité des contenus uniques et répétitifs proposés, propres à l’uniformisation des formats et de l’information, pourquoi les stations de radio se priveraient-elles d’avatars afin de remplacer les animateurs, les présentateurs, les chroniqueurs ?
Intelligence artificielle : l’alternative
Aujourd’hui, deux chemins s’offrent aux dirigeants des stations de radio du monde entier. D’une part, celui de la poursuite d’une déshumanisation à outrance, avec des contenus à l’image de nombreux contenus actuels, sans saveur, sans valeur. Du “prêt-à-écouter” banal et consensuel. D’autre part, celui de l’émotion, du direct, de l’imprévu, incarnés par une vraie présence à l’antenne et de fortes personnalités engagées bousculant les codes, à l’instar du déjà regretté Jean-Pierre Elkabbach.
La seconde option apparaît comme la plus durable et la plus profitable, non seulement aux acteurs du monde de l’audio mais également à ceux qui écoutent leurs contenus. Autrement dit, il est de plus en plus probable que seuls survivront les journalistes et les animateurs capables de créer le meilleur contenu original. Et ce, à travers l’investigation, des papiers anglés de manière singulière, l’interview, le reportage, voire la folie. Dans ce cas de figure, l’intelligence artificielle ne saurait tout emporter sur son passage. L’heure est à l’anticipation et l’organisation, pour exceller là où ils savent déjà qu’elle ne les remplacera pas.